L’équipe du studio Jean-Marc Gady reflète la pluralité des projets de son designer-fondateur et se compose de designers produits, d’architectes d’intérieur et de spécialistes 3D qui garantissent l’expertise globale, de la direction artistique à l’étude technique.
Au travers de ses différentes créations, parfois atypiques, le studio sublime l’émotion à travers la matière. Chaque projet est une aventure propice à l’expérimentation et à l’innovation. L’intention est de réinventer, de revisiter, de rêver pour proposer des créations à la fois contemporaines et poétiques. Et parce que Diptyque, maison de parfums, riche de son histoire, nourrit la création et engage à explorer et expérimenter la matière sous tous ses aspects, leur collaboration, depuis 2010, a permis de voir naître des produits déjà iconiques : diffuseurs, photophores et palets parfumés.
C’est donc un travail d’équipe, sous la direction d’Émilie André, responsable du studio Jean-Marc Gady, qui a permis de réaliser l’Oiseau, diffuseur, et le Fresnel, photophore.
L’Oiseau n’est pas un symbole anodin pour la maison diptyque. Clin d’œil aux oiseaux « appelants » en bois, que les fondateurs de la maison de parfums aimaient à peindre de motifs ornementaux et proposer dans leur bazar du 34 Bd St-Germain, il fait déjà partie de l’histoire de Diptyque.
Sa précédente version, à la fois décorative et support d’innovation dans le domaine du capilla (matière diffusant le parfum par capillarité), développait déjà un matériau alors inédit : un plâtre 100 % naturel 100 % biodégradable, coloré au noir de fumée, pouvant être moulé comme de la porcelaine et permettant la diffusion optimale par capillarité à froid, sans principe mécanique donc.
Cette toute nouvelle interprétation du volatile poursuit la même volonté d’innovation, d’inattendu, avec une amélioration de taille car l’objet, métallique, le rend beaucoup plus solide que son prédécesseur.
Son matériau, issu d’une longue étude et analyse des matières capillaires, était jusque-là utilisé pour l’industrie et les pièces très techniques : le frittage de poudres de bronze avec un traitement d’électrolyse au nickel, pour répondre aux exigences olfactives, esthétiques et techniques du projet.
Car designer, c’est aussi réinventer le matériau.
Et travailler l’innovation, c’est aller à la rencontre de chercheurs, se plonger dans les matériauthèques, creuser les options, envisager les contraintes économiques – si le plâtre n’est pas un matériau luxueux, l’élaboration de la formulation et le développement constituent un coût important – et ouvrir d’autres voies de développement. Des recherches qui ont traversé tout type de matière (papier, textile, bois, plastiques…) afin d’obtenir avant tout, la diffusion optimale sans dénaturer la qualité de la fragrance.
Pour Émilie André, « ce qui a été intéressant dans le fait de travailler avec l’entreprise industrielle, qui n’est pas du tout accrochée au design, ce sont toutes les étapes de la production. Cela n’a pas été simple, il y a plusieurs tailles de billes et le frittage se fait d’une certaine manière, et puis il y a les tests pour attester du bon fonctionnement et de l’usage. Si l’emploi du bronze ne dénaturait pas le parfum, sa teneur en cuivre teintait le liquide ce qui a donc conduit au nickelage des billes. Rendu brillant, l’objet ressemble alors plus à une pièce de bijouterie. Décoratif, il n’en est pas moins fonctionnel ou performant. Le processus de design a permis aussi un vrai partage et une passion commune pour l’oiseau ; son appropriation immédiate a démontré une incroyable motivation de tous les acteurs de l’entreprise ».
Dans la continuité de ce projet, de cette démarche d’innovation dans la matière, de cette volonté de transmettre l’image de tradition, de luxe, d’offrir une forme d’étonnement ou de créer une certaine magie à l’usage, le photophore Fresnel traduit tout aussi bien ces dénominateurs communs à la Maison diptyque.
Ce photophore fonctionne sur le principe de la lentille de Fresnel, celui de la diffraction de la lumière. L’innovation par rapport aux précédentes créations de photophores est alors d’amplifier la lumière des bougies Diptyque tout en rendant visible et lisible l’ovale emblématique et signature de la Maison.
Là encore, la prouesse technique est réelle et a nécessité une longue recherche pour trouver le verrier capable de suivre le studio sur ce projet complexe, qui allie à la fois travail à chaud (qualité de diffraction) et travail à froid (coupe et polissage). Waltersperger, l’ultime verrier-cristallier semi-automatique français, dont la fabrication industrielle sollicite une intervention manuelle très qualifiée, fut le seul qui accepta de relever le défi.
Au-delà de l’histoire de l’objet, il y a de l’innovation.
Grâce au design, un savoir-faire ancestral de verrier perdure quand il est nourri par des créations contemporaines. Grâce au design, on valorise et rend visible des matériaux et procédés dédiés à l’industrie.
Ces deux projets de design d’objet portent les mêmes valeurs sur deux domaines différents : artisanat et industrie lourde. Mais qu’il s’agisse d’artisanat, de techniques industrielles, ou de nouvelles technologies, le studio Jean-Marc Gady partage avec ses partenaires une ambition simple : créer avec justesse.
Cet article est publié par Admirable Design.