« William Morris, l’art dans tout »

Pourquoi sommes-nous allés voir l’exposition « William Morris, l’art dans tout » ?


👉 D’abord parce que c’est beau. Pour le simple plaisir des yeux, une déambulation rêveuse comme celle-ci vaut le détour. Vous pourriez penser que c’est un peu superficiel mais William Morris, figure de proue du mouvement Arts & Crafts, vous démontrera le contraire. Par une production aussi hétéroclite que foisonnante (peintures, dessins, mobilier et textiles…) son œuvre visionnaire sur les vertus du beau et de l’artisanat pour nos sociétés augurera par la suite de nombreux mouvements artistiques comme politiques, et éclairent aujourd’hui d’une rare acuité nos débats sur l’environnement, le bonheur au travail ou encore la parité.

👉 Ensuite parce que ce patrimoine industriel français est notre mémoire vive, celle de nos savoirs, de nos idéaux, autant que de notre économie. Inauguré en 2001, le musée La Piscine incarne un modèle de reconversion : ces anciens bains municipaux sont créés en 1923 dans un contexte d’essor industriel et devaient être « la plus belle piscine de France », un temple dédié au corps, à l’hygiène et au sport. Promesse tenue : ce bijou d’architecture art déco articulé autour d’un jardin claustral brille de ses mosaïques/céramiques aux styles mauresques et byzantins, et abrite dans une grande nef un somptueux bassin de natation éclairé par deux baies thermales symbolisant le soleil levant et le soleil couchant. Ici encore, au-delà de sa beauté première, le projet représentait surtout un « un monument politique, une utopie sociale »… qui dû fermer ses portes quelques 50 ans après, avant de renaître en lieu d’arts !      


👉 Enfin parce que les territoires jouent un rôle majeur dans notre vitalité créative. L’histoire de Roubaix en est un exemple saisissant. Ce bourg à l’ombre de Lille explose en capitale textile avant même la révolution industrielle, qui viendra ajouter aux artisans et manufactures les « 1000 cheminées » d’usines, les mécaniques, les ouvriers. L’exposition internationale de 1911 et la visite de la reine Elizabeth II en 1957 témoignent de cette apogée. Puis, frappée de plein fouet par la crise, Roubaix se reconvertit dans la vente par correspondance et la grande distribution… Aujourd’hui, labellisée Ville d’art et d’histoire, elle fait le pari de la culture et du tourisme pour redevenir attractive.       

Une exposition majeure, dans un lieu symbole, au cœur d’un territoire en quête d’une nouvelle identité… Ces poupées russes nous rappellent que l’entité la plus petite, même ramenée à chaque individu, n’est pas la moins importante. Ce sont leurs interactions qui constituent la culture d’un pays, et sa capacité à se réinventer. Et chaque échelle compte.