Par Claudia Cesiro, Directrice Marketing de Mooza
A l’occasion de la journée de la femme, les thèmes de la figure féminine se multiplient : le rôle (ou plutôt les rôles) que la société lui attribue (mère, épouse…), sa carrière, mais aussi comment démarrer sa propre entreprise. Dans ce scénario, les artisanes, en tant que partie intégrante du « made in Italy », sont quelque peu laissées de côté, encore victimes de la sous-estimation de leur travail. Mooza, la place de marché qui accueille les artisans du style de vie made in Italy, est un lieu privilégié pour enquêter – compte tenu de la variété des profils et des histoires qui l’anime – en allant un peu plus loin pour comprendre leurs difficultés, comment elles affrontent les défis que leur passion entraine, et en cherchant une nouvelle clé de lecture qui pourrait aussi inspirer celles qui doutent de l’opportunité d’emprunter un tel chemin. Nous avons ainsi rassemblé des parcours de toute l’Italie et de tous les domaines : mode, accessoires, bijoux et design… compilant d’un côté les clichés et de l’autre des récits de détermination, d’engagement et de volonté.
Quels sont les clichés ou critiques récurrentes auxquels les artisanes font face ? Pour beaucoup, l’un des problèmes est très souvent de ne pas être prise au sérieux et que leur centre d’intérêt est confondu avec un passe-temps ou, pire, un « job du dimanche ». La dévalorisation de leur activité créatrice, parfois par des amis ou parents, est l’un des écueils les plus fréquents qui s’aggrave avec le fait d’avoir à lutter contre le lieu commun qui veut qu’un homme soit meilleur pour un certain type d’artisanat.
C’est ce qui est arrivé à Laura de Bottega Celeste-Made in Volcano Etna, une artisane spécialisée dans la métallurgie. Lorsqu’elle a demandé un financement pour son entreprise, elle s’est entendu répondre qu’on s’attendait à parler à un homme, car un orfèvre est généralement un homme, tandis que les bijoux sont achetés pour les femmes. Laura a dû se battre pour son financement, non seulement en montrant que même une femme peut travailler les métaux (et le feu) mais surmonter également l’obstacle de ne pas venir d’une famille d’orfèvres, étant tombée amoureuse de cette ancienne technique au point s’en faire son métier. Aujourd’hui, Laura perpétue une culture de fabrication traditionnelle, avec des temps de traitement précis, loin de la production de masse. Ce sont cette philosophie, concentrée sur la continuité des savoir-faire, et son opiniâtreté qui lui ont finalement permis d’obtenir un prêt.
Les problèmes deviennent encore plus intéressants – ou plutôt irritants – quand c’est une maman qui tente de démarrer sa société. Des phrases telles que « Bah, tu es à la maison de toute façon », comme si le fruit de son expérience, développée au fil des ans et peut-être de son enfance, n’était guère qu’une façon de s’occuper. Beaucoup de nos artisanes et mères nous ont pourtant raconté comment, à certains moments de leur vie, se dédier à leur vocation et dégager du temps pour les moments de création pure était le moyen de ne pas se sentir écrasées par les responsabilités familiales et professionnelles, et de retrouver un équilibre.
C’est l’histoire de Michela de Mama’s qui, avant de se consacrer pleinement à ses créations vestimentaires, avait un job « sûr » d’employée, deux enfants et un mari. Au moment où elle commence à sentir qu’elle satisfait tout le monde sauf elle-même, elle trouve, mise de côté, la machine à coudre de sa mère. Un monde s’allume fait de souvenirs. Ayant grandi au milieu des pelotes, fils et aiguilles, elle se souvient soudainement de toutes les choses qui lui avaient été enseignées et qu’elle sait faire. Elle commence alors à se dédier à la couture de plus en plus fréquemment, jusqu’à prendre la décision courageuse de quitter son emploi. La phrase de Walt Disney devient sa devise « Si tu peux en rêver, tu peux le faire » et elle se lance à plein temps. Des commerçants acceptent de mettre quelques-unes de ses pièces dans leur vitrine, et lui donnent confiance pour continuer, malgré les difficultés.
Monica di LeGongole offre un témoignage similaire, dans laquelle sa passion pour les accessoires et les bijoux devient sa principale activité. Mère de trois enfants qui nécessitaient un suivi particulier à la maison ainsi qu’à l’école, elle se décrit ainsi : « Perdue à la croisée de chemins, dans une forêt noire et épaisse… J’ai toujours fait ce que je n’étais pas, et puis la vie m’a mise à un endroit où je pouvais le mieux me rencontrer. » Sa démarche créative part de la recherche de différents matériaux, même imparfaits, car c’est dans l’imperfection qu’on est unique. Elle conçoit des modèles d’accessoires et surtout des sacs avec un design original fait de broderie à la main et, lentement, avec l’aide d’amis qui remarquent et sollicitent son travail, commence à les proposer. Pour celles qui rencontrent une situation similaire, Monica leur conseille ceci : « On survie à tout. C’est bien d’écouter les conseils des autres, mais à un moment, vous devez suivre votre instinct. »
Un aspect commun à de nombreux parcours est celui de l’importance du soutien entre femmes artisanes. Nous ne parlons pas ici de la solidarité féminine en général, mais bien de l’aide concrète de celles qui vous vous donnent un vrai coup de pouce quand vous démarrez. Xenia de Xene Handmade, par exemple, a commencé son projet avec une partenaire quand peu de gens croyait encore à leur talent pour réaliser des bougies conçues de véritables objets design, et croyait moins encore à leur capacité d’en faire un gagne-pain. Xenia raconte que, une fois avoir investi elles-mêmes pour commencer à produire, toutes les opportunités notables afin de faire évoluer leur marque sont venues de leur collaboration avec d’autres femmes : de celles qui ont reconnu et exposé leur œuvres, ou de celles avec lesquelles elles ont noué des partenariats, à l’instar de l’illustratrice qui dessine leur nouvelle ligne de packaging en édition limitée.
Ces femmes, dans ce cas comme dans les autres, ne manquent pas de volonté. Même lorsqu’elles évoluent dans un environnement plus habitué à voir des créatrices et cheffes d’entreprise, les écueils sont bien là, et ils sont énormes. Caterina de Veraroad, une marque de vêtements féminins originaire de Toscane, nous dit ainsi que « un petit entrepreneur doit toujours porter des pantalons », faisant référence aux centaines d’obstacles que les artisans hommes et femmes affrontent, : devoir tout faire tout seul ou transférer dans le monde digital la qualité, l’effort et l’engagement que représente un produit fait-main. Une contrainte imposante qui leur demande de fabriquer des choses uniques, de les promouvoir en ligne et si possible de gérer leurs réseaux sociaux pour communiquer dès qu’ils le peuvent. Tina de T.I.N.A There Is No Alternative, qui conçoit des bijoux et des accessoires, va même plus loin en expliquant à quel point il est difficile de valoriser la créativité issue de l’artisanat surtout lorsque les matériaux utilisés sont communs et peu précieux tels que le textile, reléguant les bonnes idées dans la case « aucun mérite ».
Lalla de La casa di Lalla, qui s’occupe de récupérer du mobilier et des objets brocantés pour proposer de « vivre sa maison en harmonie », partage dans son blog les difficultés à improviser plusieurs identités professionnelles en même temps. Pour autant, « suivre le chemin de la créativité a été le meilleur choix de ma vie » nous dit-elle.
Nous concluons ce rapide voyage dans le monde de l’artisanat féminin en les remerciant pour l’énergie, l’enthousiasme et l’imagination qui les ont menées à transformer leur existence, faire des choix courageux et surtout créer pour les autres des produits incomparables. Nous avons été contactés par de nombreuses candidates lors de la rédaction de cet article. Nous n’avons pas pu parler de toutes comme nous l’aurions voulu, c’est pourquoi à Mooza nous avons décidé de dédier une partie de notre site à toutes ces histoires inspirantes que nous avons collecté.
Merci à toutes pour vos précieux témoignages, et particulièrement :
- Laura – Bottega Celeste-Made in Volcano Etna
- Tina – T.I.N.A there is no alternative
- Caterina – Veraroad
- Monica – Le gongole
- Lalla – La casa di lalla
- Michela – Mama’s
- Raffaella – di Raffaella Scheghel
- Rosaria – Bottega Creative
- Sara – 3D Print © SAYU
- Xenia – Xene Handmade
A journey into the stories of women who have chosen creativity
to be independent.
By Claudia Cesiro, Head of Marketing of Mooza
On women’s day, the themes on the female figure multiply: social issues about the role (or rather the roles) that society attributes to her (mother, wife, etc.), women and career, and also how to start an entrepreneurial activity on your own. In this scenario, artisan women, as an integral part of made in Italy, are somewhat left aside, still victims of underestimation of their work. Mooza, the marketplace that welcomes artisans of the made in Italy lifestyle is a privileged place from which to investigate, given the variety of profiles and stories that animate it, going a little deeper to understand what are the difficulties of artisan women, how they face the challenges that their own passion poses them, in search of a new key reading that can also be of inspiration for those who have doubts whether to undertake a path based on one’s creativity. We have thus collected stories of women from all over Italy and from all areas of craftsmanship: fashion, accessories, jewelry and design, collecting on one side clichés and for the other side stories of determination, commitment and will.
What are the clichés or recurring criticisms that many artisan women become subject to?
Very often for many one of the problems is not to be taken seriously and that their passion is mistaken for a hobby or, worse, to be the ones who do « sunday jobs ». The understimating of one’s creative activity, sometimes also by friends and relatives, is one of the most recurrent rocks that is also accompanied by the aggravating of having to fight against the common place that prefers in the collective imagination a man for a certain craft job.
This is what happened for example to Laura of Bottega Celeste-Made in Volcano Etna, a crafter-women specialized in metalworking who when she asked for funding for her business she was told that they would expect to talk to a man, because a goldsmith is generally a man, while jewelry are bought for women. Laura had to fight for her funding not only by showing that even a woman can work metals (and fire) but also overcome the obstacle of not even coming from a family of goldsmiths, since she had fallen in love with the ancient tradition of metalworking making it her main occupation. Today Laura is the bearer of an ancient culture of manufacturing that foresees precise processing times away from mass production, and her working philosophy is precisely focused on this sense of continuity of ancient knowledge, and it was this determination that finally allowed her to obtain funding.
The initial difficulties become even more interesting or we could say irritating when it is a mother who is trying to start a craft business. Phrases like « well so much you’re at home », as if the fruit of your own experience, developed over years and perhaps learned as child, was little more than a way to spend time. Some of our artisan women and mothers told us how at certain times in their lives, dedicating themselves to their craft passion and giving space to moments of creation as such, was the lever not only not to feel crushed by the responsibilities of the family and work but also to find themselves and give balance to their lives. This is the story of Michela of Mama’s, who before dedicating herself to full-time sartorial creations, was engaged in a « safe » job as an employee with two children and a husband. At a time when she felt she had satisfied everyone but herself, she finds, set aside, her mom’s sewing machine. A world lights up made of memories. She grew up in half to the balls, needles, wires, suddenly remembers all the things that had been taught to her and that she knows how to do. He began to devote himself to this activity more and more frequently, until he made the brave decision to quit his job. A phrase from Walt Disney becomes his motto « If you can dream of it you can do it » and so he becomes a full-time craftswoman. Some shopkeepers put some of her creations in their stores and this gives her confidence to continue, despite the difficulties. Monica di LeGongole also has a similar history, in which the passion for accessories and bijoux has become her main activity. Mother of three children, who particularly needed to be followed at school and at home, describes herself thus « In the middle of the path of our life, I found myself for a dark forest, that the straight way was lost… I’ve always done what I wasn’t, then life put me in a position to be the one where I can best recognize myself. » Her creative activity starts from the search for different materials, even imperfect, because it is in imperfection that uniqueness is found. She designs models of accessories and above all bags with a unique design with handmade embroidery and slowly also with the help of friends who noticed her creations and asked her, she began to propose them. Among the tips for those who are in a difficult moment Monica tells us « You survive everything. It’s okay to listen to other people’s advice, but at some point you have to follow your instinct. »
One aspect that we have found in many stories is also the importance for craft women of the support of other women. We are not talking about women’s solidarity in general, but about the concrete help of those who give you a chance when starting a business. Xene Handmade for example started her own craft business with her partner, when not many believed in their talent for creating handcrafted candles that were real design objects and even less that they could make it their main work. Xenia tells us how, once the investments to start production were made on their own, all the opportunities to be noticed and develop the brand came through collaborations with other women: women who believed in their work by inserting their products on display and women with whom to create partnerships, such as the illustrator with whom they are making new limited edition packaging. The determination in this case, as in others we have heard, is not lacking. Even if our artisan is in an environment more accustomed to the female figure as a creative figure and entrepreneur together, the difficulties to be faced are huge. Caterina of Veraroad, a women’s clothing brand made in Tuscany, for example tells us « a small entrepreneur must always put on his pants », referring to the thousand difficulties that everyone, cafters women and men, have to face, such as having to do everything on their own and second to transfer the quality, work and dedication that is there in every handmade product from the real world to digital.
Crafters, women and men are now in great demand: to produce unique things, to promote their product online and preferably to follow social media as well, communicating whenever they can.
Tina of T.I.N.A There Is No Alternative who makes jewelry and accessories, goes even deeper into the problem telling us how many times the difficulty is to make the value of artisan creativity understood, especially when working common and not valuable materials, such as fabrics, as if having brilliant ideas was a common thing and should not be rewarded. Lalla of La casa di Lalla, which deals with the recovery of furniture and brocant objects with the philosophy of « living the house in harmony », told us about the difficulties of improvising more professional figures together, so much so that in a blog she collected all her experiences to share them with others.
« Following creativity was the best thing in my life »
Lalla – La casa di Lalla
We conclude our journey among artisan women by thanking them for their infinite energy, passion and creativity that led them to transform their lives, to make courageous choices and above all to create unique things for others. For the composition of this article we have been contacted by many female artisans. We would have liked to have put all of them in this article, but it was not possible.
The material collected and the stories were many and interesting and we at Mooza decided to create a permanent section to tell more stories, to give inspirational content for others and to give space to the determination and creativity of artisan women.
Thank you to each of you for your valuable contribution. A special thanks goes to:
- Laura – Bottega Celeste-Made in Volcano Etna
- Tina – T.I.N.A there is no alternative
- Caterina – Veraroad
- Monica – Le gongole
- Lalla – La casa di lalla
- Michela – Mama’s
- Raffaella – di Raffaella Scheghel
- Rosaria – Bottega Creative
- Sara – 3D Print © SAYU
- Xenia – Xene Handmade